Point de départ de toute naissance, de toute existence, le courage est l’élan vital qui nous propulse dans l’action. C’est le courage d’entreprendre, de construire sans subir la pesanteur du quotidien mais en puisant dans nos ressources profondes. C’est aussi le courage de suivre notre certitude intérieure et de répondre à notre « petite voix » qui nous parle du courage de l’âme.
Le courage est la valeur des circonstances extrêmes, mais aussi de plus en plus comme celle de tous les instants.
Le courage est un élan du coeur qui nous fait quitter la réflexion – parfois la spéculation et l’abstrait – pour passer à l’action. Il permet donc la concrétisation de la pensée qui conduit à l’action. Cette valeur évoque l’image d’une personne sur le bord d’un tremplin. Cette personne veut plonger, mais a peur de l’inconnu. Elle s’interroge : comment cela va-t-il se passer ? Y a-t-il de l’eau ? Vais-je bien plonger ? Quelle est la profondeur ? Cette peur légitime est celle du futur. Et nous voilà à hésiter, souffrir, entre l’élan du coeur qui veut plonger pour passer à autre chose, et la peur de ce qui va arriver. Le courage nous permet de prendre la décision de sauter, quoi qu’il arrive.
C’est un élan du coeur qui nous permet aussi d’exprimer nos opinions et parfois de préserver nos convictions. Le courage de ne jamais renoncer. Mais dans ce cas, une opinion n’est sans doute pas qu’une simple pensée.
Elle peut s’avérer différente de celle de la majorité et c’est là que l’on doit puiser dans le courage qui se manifeste par l’amour de soi. L’amour de soi, c’est oser être soi et dire, faire ce que notre conscience nous dit. On se retrouve donc presque quotidiennement face au coeur qui nous parle, à la conscience qui nous dit quoi faire et, en même temps, face aux institutions ou aux gens qui affirment que « ça ne se fait pas » ou que « ça ne se dit pas » ! Et inévitablement, une question nous taraude : vais-je perdre l’amour des autres en ayant le courage de qui je suis ? Si je devais condenser L’expérience courage, je dirais que c’est donner, chaque fois, la préférence à l’amour de soi.
Est-ce que le courage signifie « ne plus avoir peur », de la vie, des autres, de leur jugement et du mal-être qui peut naître de certaines expériences ?
Se débarrasser de la peur n’est pas la solution. La peur ne disparaît pas et inutile de lui faire la guerre, en prendre conscience, l’accueillir et lui permettre d’être. Mais pour autant, elle ne va pas diriger notre vie. La reconnaître, l’accepter, et l’aimer. C’est alors qu’elle se transforme et que « l’élan du coeur » – le courage – se manifeste. Etre courageux, c’est toujours faire ce que dit notre coeur, sans même raisonner, parce que cette force n’a rien à voir avec le cerveau. Cet élan nous fait dire des mots qui nous échappent et qui témoignent de notre vérité profonde, de la seule énergie véritable en soi : l’amour.
Sur Terre, tout le monde connaît la peur qui peut aller jusqu’à paralyser. Est-ce à dire que la peur, quand elle se manifeste, vient éclairer une partie de nous ?
Elle n’est pas une réalité, elle est illusion. D’où la dualité de l’être humain qui est amour et peur, « lumière et ombre ». Le but de notre présence sur terre est de vivre cette dualité, connaître et aimer notre côté « ombre » pour l’amener à vibrer sur la même fréquence que notre côté « lumière ».
C’est là que l’on peut faire appel sans faillir au courage de ses opinions, au courage d’exprimer ce qui est connu de soi, ce qui est éclairé en soi, au courage d’aller au bout de ses choix aussi. L’incarner dans la matière, sur cette terre, mais n’est-ce pas un acte de courage pour l’ »âme » ?
S’incarner demande du courage, c’est de l’amour en tout cas, sûrement. Et c’est avant tout par amour pour « soi » que l’on s’incarne, mais pour ce « soi » en tant qu’être divin et qui inclut tout le monde. Toute la matière est le miroir de l’esprit. C’est donc pour « voir de quoi on a l’air », donc grandir en conscience, que l’on décide de s’incarner. Quand on a peur, c’est l’ombre que l’on voit dans la matière. La peur que l’on éprouve sur le bord du tremplin résulte de notre condition humaine qui nous fait prendre conscience de nos limites dans l’amour de soi. Le courage, c’est ce qui permet de revenir à soi, à l’amour de soi et d’aller avec cet élan du coeur qui déplace les montagnes.
Mais justement, l’amour inquiète, l’amour fait peur. Il faut beaucoup de courage pour aimer quelqu’un. Cela semble facile au premier abord, mais quand on s’engage dans une relation sur le long terme, cela demande un certain courage, celui d’apprendre à s’aimer.
Le couple est souvent compris comme un couple extérieur, mais celui-ci n’est que la manifestation – l’effet miroir, là encore – du couple intérieur (masculin/féminin). Alors, si j’ai de la difficulté dans mon couple extérieur, cela me permet de comprendre qu’il y a dualité, division dans mon couple intérieur.
La force qui vient animer le courage anime-t-elle aussi toutes les autres valeurs ?
L’amour de soi est cette force vitale dont nous devons prendre conscience. Depuis toujours, on va chercher l’amour à l’extérieur de soi. Mais le seul véritable amour, c’est l’amour de soi. Il est intérieur, illimité et c’est le courage qui nous permet de le vivre. La grande expérience humaine d’incarnation est d’apprendre à s’aimer. Le courage permet d’agir et ce passage à l’action permet à l’esprit de se libérer dans la matière ; c’est ce qu’on appelle “spiritualiser la matière ”. La difficulté de prendre la décision réside dans le fait qu’il faut mourir à quelque chose pour pouvoir naître. Il faut sortir d’une certaine sécurité dans laquelle on se trouve, même si elle est désagréable.
Le courage permet non seulement de prendre la décision mais aussi de la faire durer dans le temps.
L’image de la personne qui saute du tremplin est l’idée de non-retour. Il est impossible, à mi-chemin, de se dire qu’on va revenir sur la planche. Cette décision – c’est ça le courage ; c’est de couper les ponts, c’est la décision de plonger. Il faut donc la valider chaque fois que le doute revient, que l’hésitation apparaît et que la peur, sous quelque manifestation que ce soit, se manifeste. Le courage permet de revenir à sa décision première de vivre, c’est-à-dire de mourir à la survie.
Ca veut donc dire que le courage nous fait franchir une grande étape, faire un saut énorme qui s’opère dans toutes les petites choses de la vie quotidienne.
Le grand saut consiste à prendre une décision pour sa vie, donc de vivre et d’arrêter de survivre. Cela veut dire en pratique de donner priorité à son « être » sur son « avoir », cela veut dire que, dans toutes situations, nous allons revenir à nous, aller voir ce que nous dit notre être et lui obéir. C’est à cette condition que la survie ne mènera plus notre existence. C’est un virage à 180 degrés, les autres petits virages ne peuvent pas se faire tant qu’on ne prend pas le premier grand virage qui est de décider de vivre.
Tout le monde traverse des difficultés, rencontre des moments pénibles et doit prendre des décisions importantes. Le courage est alors un formidable moteur qui nous entraîne vers ce meilleur de nous-mêmes. Mais n’existe-t-il pas aussi un faux courage ?
Absolument, et il faut se mettre en garde contre lui ! Par exemple, un athlète olympique fait preuve de beaucoup de courage pour, finalement, passer quelques secondes sur un podium une fois dans sa vie ! Dans ce sens-là, nous sommes dans un courage extérieur, lié à l’obtention ou à un dépassement dans la matière. Mais ce que l’on appelle le vrai courage, c’est le courage intérieur, c’est être soi-même. Cela peut sembler difficile, mais il est beaucoup plus facile d’être courageux dans ce sens-là. Le faux courage est extrêmement difficile alors que le vrai courage est divin et tout ce qui est divin est simple et facile.
Il y a la pensée d’un Sage qui dit ceci : « Nous ne sommes pas des êtres humains venus vivre une expérience spirituelle, mais des êtres spirituels venus vivre une expérience humaine. » Cette vision change nos points de repères habituels. Vivre une expérience humaine nécessite le courage d’affirmer en tout point l’être spirituel que l’on est. C’est manifester le courage qu’il faut pour venir dans la matière.
Le secret est l’élan du coeur pour vivre quelque chose plutôt que résister à vivre et si on résiste à cet élan, on peut attirer la maladie.
Brigitte Perrin
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