Nos plus beaux élans ne serviraient à rien sans la persévérance. C’est, semble-t-il, la qualité qui a permis à Marie-Lise LABONTE de recouvrer la pleine santé. Car c’est bien la maladie qui lui a révélée cette valeur?
Marie-Lise LABONTE – En effet, on m’a diagnostiquée “incurable” à l’âge de vingt-cinq ans et ce fut la descente aux enfers. La médecine était impuissante et je ne parvenais pas à comprendre le sens de cette maladie. Devant le fait d’être en chaise roulante, très limitée dans mon corps, face à la souffrance physique et psychique, j’ai rapidement perdu tout espoir et j’ai souhaité mourir. Pourtant, un déclic a eu lieu. J’ai pris conscience que personne d’autre que moi ne pouvait me guérir puisque mon corps et cette maladie étaient miens. Je suis entrée dans une grande réceptivité et j’ai senti que je pouvais guérir, malgré les apparences.
Quelles étaient ces apparences?
Marie-Lise LABONTE – Les médecins me disaient que mes méridiens étaient ceux d’une femme de 75 ans! Ils exprimaient une réalité qui s’appuyait sur des analyses. Mais, à l’intérieur de moi, je percevais une autre vérité et je leur répétais: “Je sais que je suis encore malade, mais je sais aussi que je suis aussi en train de me guérir”. Et j’ai persévéré.
Les médecins avaient les résultats des examens et moi la force intérieure.
Marie-Lise LABONTE – Oui, et j’avais cette foi au-delà du “Je crois”, c’était indescriptible. Rien ne pouvait toucher cet espace intérieur et même dans les moments difficiles – moments de peine, de découragement, etc. -, je savais que j’étais sur la bonne voie. La persévérance est pour moi une forme de certitude intérieure sur laquelle j’ai pu m’appuyer et qui m’a aidée à traverser les épreuves.
Comment s’est amorcée la persévérance?
Marie-Lise LABONTE – La première étape a été de rester en présence de mon désir de guérir. Ce que j’observe chez les personnes avec qui je partage mon travail depuis, c’est qu’elles ont de magnifiques projets et même des visions. Certaines sont en contact avec des élans profonds, d’autres sont davantage alimentées par un conditionnement social, familial ou personnel qui les fait entrer dans une forme de volontarisme, qui, pour moi, n’est pas la persévérance.
Quelle serait la définition de cette valeur?
Marie-Lise LABONTE – La persévérance vient d’un état intérieur que j’appelle le “Je sais!” Cet état fait que, face à des événements de la vie et à des choix essentiels, on a l’impression qu’il est possible d’accomplir de grandes choses en maintenant toujours une présence à cette sensation du “Je sais!” (je sais que c’est ça ma voie, que c’est ça, mon expérience). Trop de gens sont conditionnés par des croyances, des fausses valeurs et des schémas de vie stéréotypés. Ils sont alors dans un volontarisme qu’ils confondent avec la persévérance. Je rencontre beaucoup de ces gens malades qui avaient persévéré dans ce genre de démarche et s’étaient abîmés à la tâche.
La persévérance est donc reliée à la foi.
Marie-Lise LABONTE – Oui, elle est reliée à cette foi qui n’est pas alimentée par un système de croyances extérieures. Croire en Dieu est une chose, vivre l’expérience de Dieu en est une autre. Cet état intuitif très profond génère, malgré des expériences difficiles ou en contact avec ses élans très profonds et ses rêves, la certitude que cela va s’accomplir. Il faut simplement se maintenir dans un état de persévérance et non s’acharner à contre-courant de sa vie ou de son destin.
La persévérance serait-t- elle une force capable de nous garder sur notre véritable chemin?
Marie Lise LABONTE – Oui, cette réelle persévérance – à l’opposé du volontarisme – nous fait entrer dans un état de fluidité intérieure. Les choses s’ouvrent et vous êtes dans la fluidité de votre mouvement de vie. La persévérance est alors un accompagnement intérieur de ce que l’on a ressenti ou pressenti comme étant juste pour soi. Elle préserve notre élan et notre rêve dans son accomplissement.
La persévérance que l’on sait écouter nous guiderait donc vers notre destin?
Marie-Lise LABONTE – Oui, et le destin, pour moi, c’est suivre le mouvement de notre être profond. La persévérance est innée chez l’être humain. Mais les gens qui sont encore aux prises avec des conditionnements et des systèmes de croyances éprouvent des difficultés à contacter cet état intérieur par lequel leurs élans et leurs rêves se manifestent. Ils savent ce qu’ils ont à accomplir, mais ils vont le refuser et choisir un chemin opposé.
Nos élans et nos rêves viennent d’un contact très profond avec ce que j’ appelle le “soi”, l’énergie de nos profondeurs, notre chemin de vie.
Marie-Lise LABONTE – Oui. Et pour moi, la persévérance est la force qui accompagne cet état intérieur même si, parfois, nous avons l’impression que les réponses attendues ne sont pas au rendez-vous ou qu’elles se manifestent de bien d’autres façons. Cette valeur entraîne un état d’humilité, d’écoute et de grande réceptivité.
Nos élans et nos rêves viennent d’un contact très profond avec ce que tu appelles le “soi”, l’énergie de nos profondeurs, notre chemin de vie.
Marie-Lise LABONTE – Oui. Et pour moi, la persévérance est la force qui accompagne cet état intérieur même si, parfois, nous avons l’impression que les réponses attendues ne sont pas au rendez-vous ou qu’elles se manifestent de bien d’autres façons. Cette valeur entraîne un état d’humilité, d’écoute et de grande réceptivité.
La persévérance aurait donc le pouvoir de nous relier à l’être d’amour que nous sommes?
Marie-Lise LABONTE – Oui, et au grand tout. Lorsque je persévère, ce qui m’entoure même les difficultés rencontrées au quotidien – perd de son influence sur moi. Je ne mets donc aucune charge sur ce qui bloque et je retrouve un état de fluidité induit par la qualité dont nous parlons. Elle est un fil conducteur qui nous relie à tous les événements de notre quotidien et au grand mouvement de vie que chacun porte en lui. Pour se guérir, il est important d’être en état de réceptivité de soi-même et de rester uni aux forces de guérison.
Tel que nous l’abordons, il n’y a de persévérance que si nous restons reliés à nos ressentis intérieurs; cette intelligence maintient notre intégrité.
Marie Lise LABONTE – Elle est “une” dans tous les secteurs de notre existence (famille, travail, loisirs, etc.). Elle est aussi un état d’esprit. Tout à fait, et cet état d’esprit touche à cette foi intrinsèque et, devant un obstacle qui paraît infranchissable, on est capable de prendre le temps de retrouver la force du “Je sais”. Je vis de plus en plus la persévérance comme un accueil de l’inconnu. En effet, quand on entre dans le “Je sais”, il ne s’agit pas du “connu” rassurant mais bien d’entrer en résonance avec cette part de soi qui ne se révèle que dans la profondeur de l’expérience.