La façon dont nous voyons l’autre est primordiale. Si c’est dans sa différence, il y a tout à parier que nous nous montrerons intolérants parce que nous l’aurons vu à travers le filtre de notre mental, de notre ego. Nous l’aurons jugé en fonction de nos propres critères, de nos propres références. Nous n’aurons donc perçu de lui que ce qui nous gêne, nous agace ou nous déplaît car nous serons restés au niveau de l’apparence…
Si nous sommes des êtres d’amour, cela induit que la tolérance est un état naturel pour tout individu. C’est le sens de cette valeur qui permet de se rencontrer soi-même grâce à l’autre. Cette présence de l’autre nous “oblige” à être réellement à l’écoute de nous-mêmes car la tolérance doit nous préserver de toutes situations conflictuelles, désagréables, inévitablement présentes dans la vie.
Quand il s’agit d’autrui, nos sentiments sont donc en “première ligne” et souvent mis à rude épreuve. Notre esprit s’accommode mal de cette dualité qui, dans un premier temps, nous ferait confondre tolérance et non-jugement, tolérance et permissivité, tolérance et respect. Tant que nous ne sommes pas sensibilisés aux demandes de notre “âme” – indice tangible d’un travail intérieur – il est difficile de saisir toutes les nuances de la tolérance. Cette valeur oblige à aller voir ce qui se trame en nous, mais peut-elle être un pont entre les hommes?
La tolérance a le pouvoir de réunir les hommes au-delà de leurs différences. En cela, elle fait partie d’un savoir-vivre universel et favorise la reconnaissance et le respect de l’autre dans toutes ses différences, en nous empêchant de coller des étiquettes sur ce que fait notre voisin. Autrement dit, la tolérance nous évite de porter des jugements sur ses faits et gestes en écoutant comment l’autre résonne en soi. Cette introspection naturelle est salutaire car n’oublions pas que l’intolérance est provoquée inconsciemment par la peur de l’autre. La tolérance, elle, permet d’éliminer cette peur tout en cultivant le sentiment de sécurité personnelle. Voir l’autre avec notre cœur, nous fait découvrir alors un autre “nous-mêmes”.
Nous revendiquons notre couleur de peau, notre pays, notre niveau social, notre confession, etc., mais que devient tout cela au regard de la réincarnation? Qui avons-nous été dans notre vie passée et qui serons-nous dans la prochaine?
La culture de la tolérance devrait commencer au berceau. D’ailleurs, en Afrique, dès le plus jeune âge, on apprend à vivre avec cette valeur. Dans le domaine familial en Afrique la société est organisée comme une entité indissociable. L’enfant “appartient” au groupe et il apprend très tôt à vivre en harmonie avec ses frères et sœurs utérins, ainsi qu’avec ses demi-frères et demi-sœurs issus d’un second ou troisième mariage de leur père.
La notion de famille étant très large, l’enfant s’habitue très rapidement à être respectueux et tolérant envers les différentes personnes qui constituent son environnement.
C’est la meilleure façon de renouer avec l’histoire d’amour entre tous. Cette valeur est un puissant stimulant pour notre intellect autant que pour notre âme elle est une facette de l’amour inconditionnel. Ce commandement ne s’adresse pas seulement à notre cerveau, mais aussi à la conscience supérieure que nous sommes capables de manifester pour peu que notre vision du monde intègre davantage ce qui est de l’ordre de l’invisible. Nous avons tous des difficultés à surmonter des incompréhensions, des frustrations à combler. La tolérance est un levier pour ne pas faire de l’autre l’objet de nos craintes et nous faire accepter qu’il existe, qu’il a sa place et sa part d’amour à exprimer. C’est aller au-delà du simple fait de tolérer.
En effet car tolérer n’est qu’une toute première étape, la partie “visible” de la tolérance qu’on porte en soi-même. Tolérer doit devenir l’application dans la vie de tous les jours, d’une profonde connaissance des êtres et des liens subtils qui les relient entre eux mais aussi avec les forces de notre univers. La tolérance est une voie de sagesse et tolérer est cette sagesse en action. Celle-ci demande nécessairement des efforts pour trouver en toute circonstance, la bonne réponse en pensée, en parole et en action. Si la tolérance authentique n’a pas de limites, tolérer se heurte toujours à celles de l’humain. La tolérance demande une maturité intérieure qui conduit à une compréhension très fine de certaines situations ou attitudes.
Cela implique de se regarder vivre et de savoir se remettre en question. Il est nécessaire de connaître le mécanisme de nos peurs et de nos préjugés. Tout ce qui nourrit l’ego prépare une forme d’intolérance car il nous est alors impossible de ressentir et d’apprécier les êtres à leur juste valeur. Cela porte forcément préjudice à notre relation et la rencontre d’âme à âme est impossible. Nous aimons tellement quand l’autre pense comme nous ! La tolérance commence par l’acceptation que l’on a tout à apprendre, à comprendre et à faire. Alors seulement, peut-on se mettre à l’écoute de l’autre, sans chercher une quelconque prise de pouvoir.
La peur de l’autre masque de moins en moins une recherche continuelle du pouvoir et de contrôle, lequel pousse toujours à une autodéfense destructrice. Ce contrôle consiste à imposer sa vérité, sa croyance, sa vision, son éducation, sa culture, etc. la tolérance devrait être facile à vivre puisqu’elle est une qualité de coeur et que toute personne est, avant tout fondamentalement un être d’amour. Il faut donc pouvoir suivre les directives du coeur pour être naturellement tolérant envers ce besoin de contrôle. La tolérance nous donnerait bien un peu d’humilité.
Notre orgueil nous fait trop souvent croire que nous sommes supérieurs à l’autre, que savons-nous? Nous ne pouvons que progresser dans une vérité qui s’avère toujours plus insaisissable sous les éclairages nouveaux de nos prises de conscience. Qui ne s’est jamais aperçu de la transformation de sa pensée, de l’élargissement de sa perception, d’un déclic dans sa compréhension qui repousse à chaque fois un peu plus loin ses limites? Et heureusement d’ailleurs que nous nous transformons.
Ce processus nous fait vivre la tolérance vis-à-vis de nous-mêmes! Non seulement l’être humain est intolérant envers lui-même, mais plus encore, il ignore qu’il l’est. Il ne sait même pas qu’il ne s’aime pas suffisamment et parfois même pas du tout. Or, il devrait comprendre qu’il est essentiel pour lui de s’aimer d’abord pour pouvoir aimer l’autre.
Car, comment peut-on offrir à l’autre ce qu’on ne s’est jamais accordé? Tout être humain devrait non seulement pratiquer la tolérance envers lui-même mais aussi – et surtout – commencer par se pardonner pour les méfaits qu’il s’inflige. Alors, il lui sera plus facile de développer une attitude de tolérance et de pardon envers son semblable.
Brigitte Perrin
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